« Bonjour Madame »

L’exposition Bonjour Madame n’a pas vocation à faire des femmes un sujet « à part » ou d’essentialiser leur relation à la production artistique, mais d’observer et d’apprécier, à leurs côtés, leur rôle, leur présence dans l’histoire de l’art. Leurs représentations sont marquées par l’exaltation des canons de beauté du moment, qui peut être tout autant le signe du divin que du profane. La figure féminine en art s’actualise au fil des siècles.

Si, le corps est dans sa plénitude entre nudité et posture dans la référence à l’Antiquité, il se couvre dans le ferment au christianisme. Il en va de même du rôle donné à la femme et à sa figuration entre la mythologie, aux genres tout aussi énoncés qu’associés, et le puritanisme du XIXe siècle.

De par les œuvres présentées, l’exposition offre un parcours tant historique qu’esthétique. Des canons égyptiens à ceux du début du XXe siècle, la femme est soit un impératif guidé par la puissance de l’évocation, soit une description d’un réel plus ou moins objectivé.

Déclinée en sections, Bonjour Madame invite à observer le féminin dans le contexte du sacré, du pouvoir et du quotidien. D’Isis, la déesse des défunts, à la Vierge noire, c’est toute l’histoire de la femme comme matrice du monde, et par effet de miroir la nécessité à s’y plier, qui se dessine.

Du rôle de déesse à celui de femme du quotidien, la figure s’approche d’un réel individualisé. De l’extatique représentation, nous progressons au portrait domestique, aux traits observés et transcrits. Il est temps alors de se préoccuper pour tout à chacun de sa postérité. Réservé dans un premier temps aux membres de l’aristocratie puis de la bourgeoisie, le portrait symbolise une identité ou une appartenance sociale. Il a pour fonction de figurer, non le réel seul, mais une allégorie ou un modèle idéalisé. L’avènement de la photographie permet une démocratisation de l’accès à la représentation, et plus encore à l’intime dorénanvant capturé et montré.

C’est ainsi que nous est présentée Marie Douët, qui épouse Alfred Douët en 1903, fondateur du musée. Née Marie de Bécourt (1881-1920), d’une famille originaire de Ceyssac en Haute-Loire. Ils auront deux fils: Guy en 1904 et Bertrand en 1914. Mais la destinée frappe cette famille. Marie Douët décédera en 1920 de la tuberculose, et ses deux fils seront également emportés par la maladie: Guy en 1936 et Bertrand en 1941. Guy épousera Marguerite Lecourt d’Hauterive, de cette union une fille, Claude, née en 1933. Bertrand épousera Odette Venin.

L’exposition rend hommage à Marie, au couple aimant qu’elle et Alfred formaient, soudés autour de leurs fils.